L’allongement de la durée de vie, un enjeu traité à bras-le-corps dans la plupart des pays européens. La France peut difficilement échapper à un ajustement de son financement des retraites pour redresser le système de protection sociale. De plus, les générations issues du baby-boom sont sur le point de quitter le marché du travail, ce qui risque de dégrader le ratio cotisants-retraités, comme le rapporte la Commission Attali. De son côté, l’Allemagne a instauré en 2007 un report de l’âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans, étalé entre 2012 et 2029. The Economist parle d’une «timide» réforme française, en comparaison avec les révisions lancées actuellement en Europe. Il en ressort des sondages réalisés pendant cette crise que le recul de l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans demeure acceptable pour une majorité des Français (plus de 50%). Pour qui la mobilisation contre ce même projet est également justifiée (plus de 60%). «La retraite à 60 ans est emblématique pour les Français, explique Nicolas Baverez. Si la réforme a dérapé, c’est parce que le calendrier était trop long et que le gouvernement est en apesanteur depuis six mois en raison de l’annonce de son remaniement. Sans compter l’affaire Bettencourt qui a donné du crédit au procès en injustice instruit par l’opposition.»
L’ancien président de l’UMP en Suisse Pierre Condamin-Gerbier dénonce une déresponsabilisation de l’individu: «Quels que soient les événements, les Français se réfèrent à l’Etat, déclare celui qui a cessé d’être un sympathisant de Nicolas Sarkozy en 2009. Ils attendent tout et son contraire d’un gouvernement qui, depuis des décennies, enferme ses habitants dans un cocon.»
La réforme des retraites témoignerait d’une confusion gouvernementale et d’une tradition d’Etat omniprésent: «Je ne vois pas comment la France pourrait s’en sortir sans une réduction du rôle de l’Etat et une responsabilisation des citoyens. La France manque actuellement de réalisme.»
